XVIIe-XVIIIe siècles
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Les Mémoires de Benjamin Aubery, sieur du Maurier, présentent une double originalité. Ils sont le fruit d’un homme qui, au sortir des guerres de Religion, consacra sa vie à servir le roi de France, d’abord dans l’administration des finances puis dans la diplomatie. D’abord proche de Duplessis-Mornay puis au service du duc de Bouillon, il se rapprocha de Sully avant d’être nommé ambassadeur par Louis XIII. Son ambassade aux Provinces-Unies (1613-1624), point d’orgue de sa carrière, fut délicate en raison de la fragilité du pouvoir royal, des hésitations de la diplomatie française et des troubles politico-religieux à La Haye. L’étude de son action, à travers ses dépêches diplomatiques, démontre cependant la lente sécularisation des relations internationales et confirme le rôle essentiel des Provinces-Unies dans la diplomatie française du début du XVIIe siècle. Mais les Mémoires de Benjamin Aubery nous présentent également le parcours d’un homme et d’un père de famille qui préféra toujours sa foi à sa carrière : protestant fervent, il refusa toute sa vie de se convertir et réussit à concilier identité réformée et fidélité inébranlable au roi. Dans ses Mémoires, qu’il destinait à ses enfants, Du Maurier dresse enfin le portrait d’une société française en pleine mutation politique et sociale, de la Ligue à l’accession au pouvoir de Richelieu.
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On a appelé Corona Regia (1615), publié sous des faux noms d’imprimeur et d’auteur, un traité porno-politique, une satire scandaleuse brocardant Jacques I d’Angleterre, et l’œuvre la plus venimeuse jamais écrite contre des princes. Parmi les accusations directes et indirectes lancées par ce livre, il y a celle, sacrilège, et peut-être formulée pour la première fois dans un livre imprimé, concernant le comportement homo-érotiques de Jacques I. Quand, selon les anglais, les autorités flamandes n’ont pas tenté d’arrêter avec assez de vigueur l’imprimeur bruxellois et le professeur flamand soupçonné par les anglais d’être l’auteur du pamphlet, ce petit livre a failli devenir un casus belli. Voici ce texte traduit pour la première fois du latin dans son intégralité. Il est précédé d’une enquête traçant les efforts de la Couronne d’établir qui en est l’auteur.
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Représentée pour la première fois le 15 février 1727 par les Comédiens français, la comédie Le Philosophe marié, ou Le Mari honteux de l’être de Philippe Néricault Destouches fut l’un des grands succès du premier XVIIIe siècle. Pièce souvent écartée par l’histoire littéraire en faveur de productions contemporaines plus décidément novatrices, elle constitue néanmoins un témoignage important du goût dramatique de son époque. Et, tout en restant fidèle à la comédie moliéresque, elle réserve plus d’une surprise : bâtie à partir d’éléments autobio–graphiques, l’intrigue autour d’un mariage clandestin prend aussi position par rapport à un article de droit controversé à l’époque, réinvente le personnage du philosophe si ce n’est le caractère en tant que tel, et contient en germe des éléments du théâtre à venir.
L’édition présente restaure pour la première fois l’édition originale censurée et permet, par la confrontation avec le manuscrit du souffleur, d’appréhender la genèse du texte imprimé.
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En 1766, Louis XV déclarait que le caractère propre de sa puissance souveraine était « l’esprit de conseil, de justice et de raison ». L’importance du rôle tenu par le Conseil du roi s’impose avec une obsédante évidence à quiconque étudie le fonctionnement des institutions de l’Ancien Régime. Le temps et les hommes purent modifier la composition et la structure du Conseil ; ils n’en altérèrent jamais l’essence. Car cet esprit de conseil et de délibération a profondément imprégné les institutions de l’ancienne France.
Dans cette étude devenue un classique, tableau exemplaire des rouages gouvernementaux de l’Ancien Régime, Michel Antoine analyse les institutions complexes que furent les différents Conseils de gouvernement, de justice et d’administration (Conseil d’En haut, Conseil royal des Finances, Conseil royal de Commerce, Conseil de Conscience, Conseil des Dépêches, Conseil privé) et expose l’étendue et l’évolution de leurs compétences respectives.
Inséparable de la personne du souverain, n’ayant aucune autorité propre, le Conseil ne peut promulguer ou publier d’arrêts : ce n’est jamais lui qui décide, c’est toujours le Roi. Faute de conserver cette notion présente à l’esprit, il serait difficile de saisir comment le Conseil a pu exister et fonctionner, comment le Roi a pu s’en servir pour gouverner et administrer l’Etat, comment son action suscita des difficultés qui tendirent à mettre en cause son existence et donc celle de la monarchie. Car le Conseil était par excellence l’organe où le souverain exerçait son droit inaltérable de supériorité sur tous les sujets et tous les corps constitués.
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En Espagne, le développement de l’histoire des femmes, dans les années 1980, est contemporain des profonds changements qui ont affecté la sociét© après l’avènement de la démocratie. Aux lendemains de la Transition, les revendications féministes ont porté, tout particulièrement, sur l’accès au marché du travail et sur la reconnaissance de la contribution féminine à l’économie. Cete concomitance contribue à expliquer que l’attention des historiens se soit portée très tôt sur la place des femmes dans les activités de service et de production, qu’elles soient salariées ou pas. Sans doute l’heure n’est-elle pas encore au bilan, mais le dossier présenté dans ce numéro permet d’apprécier les progrès accomplis sur cette question. Plus qu’une évolution linéaire, c’est la variété des situations, la diversité des sources et les enjeux heuristiques de ce champ d’étude que les auteurs ont cherché à montrer.
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